Le sujet de la détransition enfin abordée dans les médias

Le sujet de la détransition enfin abordée dans les médias (chronique radio Olivia Sarton)

 

Chronique du 11 novembre 2024, à écouter sur radio Espérance ICI

 

A la fin de ce mois d’octobre 2024, France 2 a diffusé un documentaire retraçant le parcours d’Emma, une jeune fille « détransitionneuse », c’est-à-dire regrettant la transition médicale qu’elle a subie entre 15 et 17 ans. https://www.france.tv/france-2/infrarouge/6587822-jeunesse-en-re-transition-trouver-sa-voix.html

Sans le vouloir puisque la réalisatrice se défend de tout jugement, le documentaire met en lumière notamment trois difficultés majeures auxquelles le courant trans-affirmatif échoue à répondre.

Tout d’abord, la question des stéréotypes de genre. Emma ou les autres jeunes interrogés dans l’émission voient leur identité trans affirmée au motif qu’ils n’adoptent pas une apparence déclarée typique ou des activités considérées comme allant de soi pour leur sexe de naissance. La maman d’Emma semble désemparée par le refus de sa fille, lorsqu’elle était jeune enfant, de porter des robes et de se maquiller.

Le courant trans-affirmatif, alors qu’il prétend émanciper chacun des rôles que lui assignerait la société, ne renforcerait-il pas ces stéréotypes de genre ? N’emprisonnerait-il pas chaque sexe dans des codes archaïques et liberticides ? Par exemple pourquoi la plupart des hommes biologiques s’affirmant femmes trans adoptent-ils des traits forcés ou outranciers de prétendue féminité ? C’est ce qu’a récemment dénoncé un suisse, homme de naissance, ayant adopté une identité trans féminine pendant 26 ans. A 55 ans, habité de regrets amers, il exprime que la transidentité contraint à « évoluer dans des rôles binaires rigides ». https://www.msn.com/fr-ch/actualite/other/l-%C3%A9g%C3%A9rie-des-transsexuels-regrette-son-changement-de-sexe/ar-AA1oZDOZ

Second aspect mis en lumière par l’émission : la détresse des parents face au mal-être de leur enfant. Manifestement embarrassée pour comprendre sa fille qui n’entrait pas dans les stéréotypes féminins, la mère d’Emma semble s’être précipitée sur le questionnement identitaire émis par celle-ci à 14 ans. Devant le malaise ou l’angoisse de sa fille comme en connaissent aujourd’hui nombre de jeunes filles à la puberté, elle s’est emparée de la simplification offerte par la fiction que sa fille pourrait se transformer en garçon. Cela met en évidence les difficultés actuelles des parents. Face à la force et la violence de la détresse morale des ados d’aujourd’hui https://theconversation.com/sante-mentale-des-jeunes-chronique-dune-crise-annoncee-217154, bien des parents sont désemparés. Souvent privés de famille élargie sur laquelle s’appuyer, confrontés à la rareté de praticiens psy disponibles pour prendre en charge leur enfant, ils ne savent pas comment traverser avec lui les flots tumultueux de l’adolescence. C’est ainsi que la mère d’Emma semble avoir saisi le leurre du parcours médical trans comme seule aide accessible.

Car, contrairement aux consultations pédopsychiatriques classiques pour lesquelles les parents se voient répondre qu’il n’y a pas de possibilité rapide de prise en charge faute de place, https://sante.lefigaro.fr/social/sante-publique/nous-n-arrivons-plus-a-suivre-la-pedopsychiatrie-s-enfonce-dans-la-crise-20241108, Emma a été immédiatement intégrée dans un parcours hospitalier qui l’a conduite à absorber de la testostérone à partir de 15 ans, à subir une double mastectomie à 16 ans, avant de regretter ce parcours à tout juste 18 ans…

Dernier point que l’on peut souligner : le refus par les partisans de la trans-identité de reconnaître les erreurs commises. Ni le psychiatre interrogé (qui n’est pas celui qui avait suivi Emma), ni sa maman ne remettent en cause la pertinence de l’offre faite aux mineurs désemparés. Le titre du documentaire lui-même est ambigu puisqu’il s’intitule « Jeunesse en retransition » comme s’il s’agissait d’une évolution normale. Or, comme le dit bien Emma, les « solutions baguette magique » proposées par les partisans des parcours médicaux de transition pour résoudre le mal-être identitaire de jeunes ne peuvent pas produire du bon.

Quoiqu’il en soit, la diffusion d’un tel documentaire est une bonne chose car il contribue, c’est certain, à lever le voile sur les défauts de la réponse « trans » à la détresse des jeunes.

 

 

Et le droit dans tout ça ?

Une chronique de Juristes pour l’enfance présentée chaque lundi sur Radio Espérance, par Olivia Sarton, Matthieu le Tourneur et Aude Mirkovic, à 8h, 12h45 et 19h20 (durée 3 minutes)

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