Communiqué de presse 20 novembre 2024
L’Education nationale persiste dans son projet néfaste de s’emparer de l’intimité et de la vie privée des enfants qui lui sont confiés pour l’instruction.
La nouvelle mouture du programme d’éducation à la sexualité confirme les erreurs de fond et la volonté d’imposer un prêt-à-penser et à faire unique et marqué par les lubies d’un instant.
A la lecture de ce programme, on se demande depuis combien de temps ses concepteurs n’ont pas vu « en vrai » des enfants tant certaines préconisations sont déconnectées de l’expérience : pour des élèves de CP dont une partie ne maîtrisera ni la lecture ni l’écriture en fin d’année, il est proposé qu’ils « lisent et comprennent des œuvres variées de littérature jeunesse pour repérer la diversité des expressions des émotions et des sentiments et qu’ils imaginent à l’écrit ce qu’ils peuvent ressentir »…
Mais surtout, ce programme ignore l’enfance, son temps, la nécessité de respecter le développement lent et délicat de la maturation du petit être humain. Tous les enfants vont se voir assénés au même moment des termes, des informations, des données, décorrélés de leurs questionnements et préoccupations personnels et singuliers.
L’Etat confisque le rôle et la place des parents auprès de leurs enfants en les disqualifiant sans nuance, telle la ministre Anne Genetet qui ne craint pas de soutenir qu’il « faut bien que l’école fasse cette éducation, puisque c’est rarement fait en famille » . Un exemple ? En 6ème, parmi les compétences qui feront l’objet d’une vérification, « savoir que les règles douloureuses nécessitent une consultation médicale ». Ouf, nous sommes sauvés, heureusement que l’Education nationale est là pour se gonfler d’avoir fait entrer dans le champ de l’instruction, ce que tous les parents normalement constitués faisaient naturellement pour leurs filles souffrantes. Il aurait pourtant été préférable que l’Etat laisse aux parents leur rôle d’éducateurs que la plupart assument très bien et qu’il se concentre sur ses priorités qui devraient être de former et mettre à la disposition de ces jeunes filles les pédiatres ou gynécologues dont elles ont besoin et qui sont devenus introuvables dans de nombreux territoires. Mais manifestement, le dogmatisme et l’idéologie comptent plus que les besoins vitaux des français.
Car du dogmatisme et de l’idéologie, le programme d’éducation à la sexualité en est truffé.
En maternelle, l’enfant sera sommé de renoncer à son univers onirique pour rentrer dans une définition sèche et scientifique de « ses parties intimes » et son jardin secret sera forcé lorsqu’il devra parler de sa famille avec d’autres élèves à partir de son « cahier de vie » ;
Au primaire, dès le CP (6 ans), il devra discuter de façon réflexive et argumentée de la question « que peut être une famille », puis au CE1 (7 ans), il devra être capable de « repérer des discriminations issues de stéréotypes de genre » et « savoir penser de façon critique ». En CE2, il devra connaître la définition des droits humains.
A partir du CM1, il sera plongé dans l’exposé des changements pubertaires en lien avec la sexualité (dissimulée sous le syntagme « capacité à se reproduire »), peu important que cet exposé heurte son développement psycho-affectif des enfants s’il n’y est pas prêts. L’idéologie du genre et les orientations sexuelles seront également exposées puisque l’élève devra identifier les stigmatisations fondées sur ces caractéristiques. Et en CM2, il se verra enseigner la croyance que le sexe ne serait pas binaire (« savoir qu’il existe des personnes intersexes ») et devra devenir « acteur de sa protection sur internet »….
Au collège, les croyances de l’idéologie du genre se déploieront intégralement au sein d’une institution pourtant censée être neutre et dispenser un savoir scientifique. Dès la 5e et la 4ème, la sexualité sera largement exposée jusqu’à la fin du lycée dans tous ses détails et sous le seul bémol du consentement sans que la question de la maturation émotionnelle de l’élève soit prise en compte.
Alors qu’un programme bien pensé était nécessaire, celui annoncé a été élaboré sans tenir compte des préconisations des pédopsychiatres et spécialistes du développement psycho-affectif de l’enfant. Il sert à faire avancer le calendrier idéologique de ses concepteurs, mais pas l’intérêt supérieur de l’enfant.
Alors qu’il doit être soumis ce 20 novembre 2024 à une dernière consultation interne, il constitue un bien triste exemple de la défaite de la protection de l’enfance face aux idéologies, en ce jour même de célébration du 35ème anniversaire de la signature de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Les recommandations de Juristes pour l’enfance
En matière d’éducation à la sexualité, les bonnes intentions ne suffisent pas. Il est essentiel d’aborder ce sujet de manière très professionnelle et en particulier, de:
• respecter l’âge des enfants et tenir compte de leur développement psychique. Des contenus sexualisés peuvent avoir un effet d’effraction psychique chez de jeunes enfants et entraver, gravement, leur développement psychique.
• respecter l’intimité, la pudeur et le consentement des élèves : concrètement, cela signifie que des gestes de nature sexuelle, des activités ou des prises de parole sexualisées ne peuvent leur être imposés. Les élèves doivent avoir la possibilité de les refuser. Cela constitue le socle de l’apprentissage du respect du consentement, le leur et celui d’autrui, ainsi qu’un préalable à la lutte contre les abus sexuels.
Retrouvez la note JPE sur l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle dans le cadre scolaire ICI.
En vidéo, retrouvez l’intervention d’Olivia Sarton, directrice scientifique de Juristes pour l’enfance, au colloque « le projet de programme d’éducation sexuelle » le 9 février 2024 au palais du Luxembourg : Éducation à la sexualité : que dit le droit ?