Et le droit dans tout ça ? Une chronique présentée chaque semaine par Juristes pour l’enfance sur Radio Espérance
Présentée par Aude Mirkovic et Olivia Sarton, le lundi à 8h00, 12h45 et 19h20 (durée 3 minutes)
Emission du 25 février 2024 à écouter ici
La protection des enfants face aux écrans
Protéger les enfants du numérique ? Questionnons d’abord la place des écrans
En septembre prochain, l’ONU examinera lors d’une session du Conseil des droits de l’homme les solutions proposées pour promouvoir l’éducation numérique des jeunes et assurer leur protection contre les menaces en ligne. Dans ce cadre, Juristes pour l’enfance a adressé au Haut-Commissaire dédié de l’ONU une communication pour dénoncer une nouvelle fois l’absence de protection des enfants face à la pornographie ainsi que les dangers des contenus proposés par les réseaux sociaux, en particulier la présentation militante et béate de la transidentification pour les mineurs.
En parallèle de cette réflexion, l’ONU serait bien inspirée de penser la manière de protéger les enfants des écrans. Car finalement, c’est bien là que repose la source des problèmes. Sans accès aux écrans, le contact avec la pornographie serait bien plus accidentel ou à tout le moins beaucoup plus compliqué. Sans écran, pas de réseaux sociaux et donc pas d’exposition à des contenus nocifs pour la santé mentale dénoncés à de multiples reprises ces derniers temps, notamment en ce début de mois de février devant le Sénat américain.
Car l’utilisation des écrans en elle-même est un facteur de risque pour la santé
Mais en dehors du danger auquel les enfants sont exposés via les écrans au regard du contenu mis à leur disposition, c’est l’utilisation de l’objet lui-même qui constitue un facteur de risque pour leur santé.
Un médecin français, le Dr Guillodo, a publié il y a quelques semaines un essai au titre marquant : « le smartphone tue » (éditions Baudelaire).
Le médecin alerte, non pas sur la dangerosité des contenus accessibles, mais sur le fait que l’utilisation des écrans réduit l’activité physique engendrant une plus grande sédentarité, qui favorise des maladies chroniques ; cette utilisation réduit également la durée de sommeil, elle rend paresseux particulièrement pour faire fonctionner la mémoire et enfin elle induit des troubles alimentaires graves.
On peut ajouter à cette liste l’impact sur l’activité sexuelle des français, et donc au final sur leur fécondité : une récente étude réalisée par l’IFOP[1] titrée « la sex recession » indique qu’une des causes de cette récession sexuelle est la concurrence avec les écrans (séries, réseaux sociaux) et bien sûr la concurrence avec la consommation de porno sur écran.
Et enfin, ajoutons pour les plus petits, que l’utilisation des écrans entraîne des troubles importants dans le développement du cerveau, au point que des consultations hospitalières s’ouvrent pour sevrer les enfants. Comme les adultes, outre la fascination produite par l’écran, les enfants sont victimes du « brain hacking », une technique qui combine neurosciences et algorithmes dans le but d’engendrer une addiction aux écrans.
La responsabilité des parents et grands-parents
Alors en cette période de vacances scolaires qui offre du temps libre, parents et grands-parents peuvent prendre de bonnes résolutions pour protéger les enfants.
Il s’agit d’abord de repousser le plus tard possible le moment où les enfants se voient offrir un smartphone, de mettre en place des mesures pour limiter leur temps passé sur un écran et bien sûr de commencer par montrer l’exemple : les adultes, nous avons cette responsabilité impliquante !
Alors comment ? Par exemple en laissant leur smartphone dans une autre pièce quand vient le moment du repas, lorsque vient la nuit – la règle « pas de smartphone dans la chambre à coucher » est valable pour tous – , lorsque parents ou grands-parents discutent avec l’enfant, lorsqu’ils font un jeu de société, une balade…
Ce n’est pas si facile, mais cela peut être une bonne résolution à prendre pour le bien des enfants.
[1] Étude Ifop pour LELO réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 1 911 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus