Et le droit dans tout ça ?
Une chronique présentée chaque semaine par Juristes pour l’enfance sur Radio Espérance
Présentée par Aude Mirkovic et Olivia Sarton, le lundi à 8h, 12h45 et 19h20 (durée 3 minutes)
Chronique du 25 septembre 2023 : Violences sexuelles entre mineurs, Agir, Prévenir, Guérir
Le sujet des violences sexuelles entre mineurs est bien difficile et à première vue incompréhensible : nous avons du mal à croire que de tels actes puissent se produire, surtout lorsqu’ils concernent les enfants les plus jeunes, et pourtant des parents, des éducateurs, y sont confrontés.
Devant une telle situation : les questions jaillissent.
Que faire ? Doit-on y croire ? Les faits sont-ils préoccupants ou s’agit seulement d’une curiosité ou d’un « jeu » un peu déplacé mais qui n’appelle qu’une réponse éducative ? Si c’est plus grave, peut-on vouloir résoudre le problème entre nous, dans la famille, dans l’établissement scolaire, dans le groupe scout ? Ou faut-il saisir la justice ? Mais dans ce cas, comment faire et à quoi s’attendre ? Un praticien pourra-t-il aider le mineur auteur ou victime ?
On voit le désarroi des adultes confrontés à ce type de situations malheureusement en augmentation puisque, chaque année, plus de dix-mille mineurs sont mis en cause pour des infractions à caractère sexuel. Parmi eux, 27,2% des auteurs ont moins de treize ans. 11% ont moins de dix ans. Ces mineurs appartiennent à tous les milieux. Mais ils ont souvent eux-mêmes été exposés soit à des violences sexuelles précoces, soit à de la pornographie.
Quant aux petites victimes, ce sont à 75% des filles. Une victime sur deux à moins de 13 ans et une victime sur trois a moins de 10 ans.
Un livre offrant de vraies pistes de réflexion
Pour offrir des réponses claires, l’association Juristes pour l’enfance, en coordination avec l’association Famille & Liberté a publié un livre très accessible « Violences sexuelles entre mineurs, Agir, prévenir, guérir », aux Editions Artège.
Vous y trouverez les règles de droit applicables exposées simplement par des professionnels du droit qui offrent un éclairage sur le traitement réel des situations qui se présentent à la justice, en se servant d’exemples tirés de leur pratique.
La seconde partie de l’ouvrage s’intéresse à l’angle psychologique : elle s’ouvre sur l’étude pointue d’une psychologue spécialisée dans l’addiction sexuelle et l’addiction à la pornographie, qui interroge les conséquences de la consommation de pornographie sur la sexualité des jeunes. À sa suite, une éducatrice en vie affective et une conseillère en vie affective et sexuelle insistent sur l’importance de la prévention par l’éducation des jeunes, laquelle doit porter sur la connaissance de leur corps et celui de l’autre, mais aussi sur leur construction humaine et leurs besoins affectifs.
Un pédopsychiatre spécialisé dans la prise en charge des mineurs auteurs ainsi qu’un psychologue intervenant auprès des auteurs et des victimes témoignent de leur expérience passionnante avec les enfants et les adolescents.
Saisir la justice pour ouvrir un chemin d’avenir
Nos intervenants ont insisté sur la nécessité de saisir la justice, lorsque les faits le justifient : pour l’enfant auteur, la saisine de la justice va l’aider à comprendre la transgression de la loi et va permettre la mise en place de mesures d’assistance éducative et le cas échéant des mesures de soins. Pour l’enfant victime, la reconnaissance par l’institution judiciaire de la gravité des actes subis, l’entrée dans un parcours de soins le cas échéant, lui permettra de se remettre debout et de ne pas être enfermé dans une posture de victime.
Mais, qu’il soit auteur ou victime, l’enfant ne peut être réduit aux faits qui se sont déroulés, il a un avenir, il ne sera pas toujours un auteur ou une victime, mais cela exige que les adultes présents autour de lui prennent avec courage les décisions qui s’imposent et l’accompagnent dans les parcours qui doivent être mis en place.
N’hésitez pas à vous procurer ce livre « Violences sexuelles entre mineurs, Agir, prévenir, guérir », aux éditions Artège, co-direction, Olivia Sarton et Claire de Gatellier
