Communiqué de presse du vendredi 14 avril 2023
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Décision irresponsable du juge des référés du Conseil d’Etat, Thomas Andrieu, qui maintient l’exposition publique du tableau représentant une scène pédopornographique, figurant de façon explicite et crue le viol d’un enfant.
Quand la société va-t-elle prendre au sérieux la protection des mineurs?
Cette décision, incompréhensible au regard de la loi et des objectifs affirmés de protection de l’enfance contre l’exposition à la pornographie, est révélatrice du malaise et du manque d’ambition qui caractérise la protection de l’enfance.
Elle est hélas dans la ligne de celles qui osaient encore, en 2017, 2018 ou 2019, affirmer qu’une fillette de 11 ou 13 ans pouvait être considérée comme consentante à un acte sexuel avec un majeur.
Dès lors qu’il s’agit de sexualité ou, ici, de la représentation de la sexualité, certains juges semblent paralysés et incapables de protéger l’enfance.
Il a fallu une loi de 2021 pour mettre fin aux errances des juges en matière de consentement prétendu d’un enfant à un acte sexuel avec un mineur de 15 ans.
En ce qui concerna la diffusion d’une scène de pédocriminalité, la loi existe déjà: c’est le code pénal qui sanctionne la diffusion de la représentation pornographique impliquant un mineur (art. 227-23), ainsi que le fait de diffuser un contenu pornographique accessible à la vue des mineurs (article 227-24 du code pénal).
Le Conseil d’Etat a rendu aujourd’hui une décision inexplicable, en contradiction totale avec la teneur de l’audience.
Le Conseil d’Etat ose affirmer qu’ « aucun mineur visitant seul l’exposition n’a été signalé et qu’aucun incident né de la présence d’un mineur devant le tableau en cause n’a été recensé » : outre le fait que ce constat est faux, est-il vraiment nécessaire d’attendre que les dégâts de l’exposition de ce type de scènes pédopornographiques soient constatés pour agir?
De la même manière qu’il a fallu des livres comme ceux de Vanessa Springora ou Camille Kouchner pour que la société, enfin, admette les dégâts de la pédophilie sur des enfants, le Conseil d’Etat veut-il donc attendre des témoignages de vies dévastées pour prendre la mesure de l’enjeu de la protection de l’enfance?
Tristesse, gâchis et honte. Voilà les mots qui viennent à l’esprit à la lecture de cette décision incompéhensible.
Nous sommes fiers de pouvoir dire aux enfants que nous ne baisserons pas les bras et qu’ils peuvent compter sur nous pour défendre l’enfance envers et contre tout, y compris ce type de décisions iniques.
Un jour ou l’autre, la justice reprend ses droits mais que de dégâts et malheurs auraient pu être épargnés à de nombreux enfants.