Nous reproduisons ici le post publié sur le compte Facebook Chroniques des SNU.- Stages Normatifs chez UBU
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LE PATHÉTIQUE APPEL DE 101 MAIRES EN FAVEUR DU SNU
Le journal « L’Opinion » a publié le 16 février un appel de 101 maires en faveur du SNU. Leur texte est désolant. D’une part, il confirme qu’Emmanuel Macron, s’il est réélu, persistera dans son funeste projet ; d’autre part, il est rédigé dans un style dithyrambique, insupportable du fait de son décalage avec la réalité. Car les expériences tentées depuis 2019 ont montré :
1°) que le SNU n’était pas vraiment utile et
2°) qu’il n’était pas du tout faisable, ainsi que l’ont relevé plusieurs rapports déjà évoqués dans ce blog (INJEP, Cour des Comptes, etc.)
Nos lecteurs trouveront ci-dessous, avec un commentaire, 5 phrases extraites de ce document calamiteux dont la Secrétaire d’État El Haïry s’est naturellement félicitée sur twitter.
« NOUS APPELONS DE NOS VŒUX À LA GÉNÉRALISATION DU SNU SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE »
Qu’est-ce que cela veut dire ? Le SNU n’est pas un réseau de radiocommunication dont les ondes devraient atteindre l’ensemble des foyers vivant sur le territoire français. C’est un programme d’éducation prévu pour tous les mineurs de 15-17 ans et actuellement en cours d’expérimentation auprès d’une petite fraction des jeunes concernés. En fait, la phrase semble appeler à une généralisation de l’expérimentation, c’est-à-dire à une institutionnalisation du SNU.
Mais les signataires ont plutôt en vue d’appeler leurs collègues maires à créer, dans le plus grand nombre possible de communes, des lieux d’accueil supplémentaires pour les séances d’éducation des 800.000 jeunes appartenant chaque année à la tranche d’âge considérée. La phrase alambiquée révèle donc, qu’à ce jour, l’État a absolument besoin de l’aide des communes pour mettre en œuvre un SNU institutionnalisé.
« LA VOLONTÉ DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE (EST) DE FAIRE DU SERVICE NATIONAL UNIVERSEL LE SOCLE D’UN CREUSET RÉPUBLICAIN RENOUVELÉ »
Voilà bien une image absurde ! Un socle étant généralement posé sur un sol nu, il n’existe rien entre le sol et ce socle. La phrase laisse donc entendre qu’entre l’âge de 3 ans, début de l’obligation scolaire, et celui de 15 ans, début du SNU, un jeune n’a jamais découvert l’existence de la République ! Une autre hypothèse serait que le « creuset renouvelé » évoquerait le défunt service militaire, dont le SNU prendrait la place ; mais ce service militaire ne s’adressait pas à des jeunes de moins de 18 ans. Comprenne qui pourra …
« CE SERA UN VÉRITABLE RITE DE PASSAGE RÉPUBLICAIN »
Dès leur naissance, les jeunes Français nés en France vivent dans une République : leur « rite de passage », c’est l’accouchement ! Sans doute faut-il donc comprendre que le SNU serait plutôt un « rite républicain de passage à l’âge adulte » – en quelque sorte, un nouveau sacrement républicain : après le baptême, la confirmation ! L’expression embarrassée masque l’intention idéologique.
« CERTAINS VOLONTAIRES DU SNU NE SONT JAMAIS SORTIS DE LEUR COMMUNE SANS LEURS PARENTS »
Et maintenant, l’argument pour faire pleurer Margot ! L’affirmation contenue dans cette phrase est fondée sur un rapport de l’INJEP établissant que, parmi les 2000 volontaires SNU de 2019, 1% des jeunes avaient déclaré ne jamais être sortis de leur commune ; et 4 % n’être jamais sortis sans leurs parents. Mais le même rapport établissait que 90 % des volontaires étaient déjà partis à l’étranger, dont 72 % sans leurs parents. Braquer le projecteur sur la toute petite minorité de jeunes « assignés à résidence » par leurs parents, en ignorant l’écrasante majorité de jeunes ayant déjà découvert les pays étrangers, révèle l’état d’esprit des promoteurs du SNU : l’important pour un jeune n’est pas de découvrir le monde, ce qui compte c’est de le découvrir sans les parents !
« L’UNIVERSALISATION DU SNU … MOBILISERA LES PARLEMENTAIRES POUR TRADUIRE DANS LA LOI LE CADRE DE CETTE AMBITION »
Comment ne pas relever le lapsus ? « Traduire » signifie transposer d’une langue dans une autre un mot, une phrase préalablement prononcés ou écrits. Or, dans une démocratie parlementaire, le rôle des élus du peuple n’est pas de « traduire » en langue législative les injonctions venues de l’extérieur. Il consiste à « inscrire » dans la loi les mesures qui, après en avoir débattu entre eux, leur paraissent conformes à l’intérêt général. Or le SNU n’a, jusqu’à présent, fait l’objet d’aucun débat au Parlement.
Ce n’est donc pas l’ambition qui légitimera le SNU, ce sera le vote des élus du peuple.
En définitive, on s’étonne de voir des maires s’égarer à signer un texte aussi mal rédigé et aussi malvenu sur le fond. La perspective d’obtenir pour leurs personnels et équipements communaux des miettes d’une manne estimée à plus de 3 milliards d’euros si l’expérience du SNU est généralisée ne justifie pas l’approbation aveugle d’un projet sans intérêt pour la Nation.