Une interview d’Olivia Sarton par MATTEO GHISALBERTI – RCF Loiret, le 11 février 2025 à écouter ICI
Programme d’éducation à la sexualité, le recours en justice
Éducation sexuelle : le programme ministériel inquiète aussi des parents Loirétains
Le 6 février 2025, le ministère de l’Éducation nationale a publié son programme d’éducation à la sexualité, suscitant de vives réactions, notamment de la part de l’Association Juristes pour l’Enfance. Olivia Sarton, directrice juridique de cette association, a exprimé quant à certaines dispositions de ce programme. Mais qu’en est-il des parents du Loiret ? Eux aussi sont concernés par cette réforme qui concerne directement l’éducation de leurs enfants.
Pour La ministre Anne Genetet en revanche, « la théorie du genre n’existe pas ». Dans les colonnes d’Ouest-France, elle avait affirmé que le programme était dénué de la moindre « idéologie ». Plusieurs associations et ONG, avaient défini les critiques des opposants au programme comme des “attaques”. Par exemple, la présidente du Planning familial, Sarah Durocher, avait déclaré dans le même quotidien : « on est là pour répondre aux questions des élèves. Pas pour apprendre aux enfants à se masturber comme l’affirment certains ».
Malgré le débat et les invitations à revoir certains passages du texte, le programme d’éducation sexuelle publié le 6 février par Elisabeth Borne, qui a remplacé Anne Genetet au Ministère de l’Education en décembre 2024, semble ne pas avoir écouté les voix critiques. D’ailleurs, lors de la réunion du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) du 29 janvier 2025, l’ancienne première ministre a estimé que ce texte était “absolument indispensable”.
Un programme, beaucoup de questions
Les déclarations de la ministre de l’Education nationale n’ont pas rassuré les opposants au programme. Déjà avant la publication du texte, Hélène Laubignat, présidente de l’Association des parents d’élèves de l’Ecole libre (APEL), avait exprimé des « sérieuses réserves » et demandé « que le projet actuel soit profondément remanié afin d’arriver à un texte consensuel, de bon sens et apaisant pour la société et veillant à : une meilleure prise en compte de la singularité des enfants ; la reconnaissance de la responsabilité première des parents sur ces sujets ». Le Secrétariat général de l’Enseignement catholique a partagé le même point de vue. Et il n’était pas seul, comme l’a expliqué Olivia Sarton, directrice juridique de l’association des Juristes pour l’Enfance (JPE), qui a annoncé le dépôt d’un recours contre le programme d’éducation à la sexualité.
Me Sarton a été interviewée dans l’émission L’invité de la rédaction de RCF Loiret, dans laquelle elle a expliqué les raisons de ce recours qui concerne aussi les parents des enfants scolarisés dans le Loiret. Selon la représentante des JPE, ce programme d’éducation sexuelle remet en question le rôle primordial des parents dans l’éducation de leurs enfants. « L’État accapare ce domaine et se substitue totalement aux parents, remettant en cause leur primauté éducative ainsi que leur autorité parentale. » Cette préoccupation trouve un écho chez de nombreux parents du Loiret.
Pour la directrice juridique des JPE, le texte du ministère a une approche jugée inappropriée par certains experts. « Le programme ne respecte pas les stades de développement des enfants. Dès avant quatre ans, on va leur imposer un vocabulaire scientifique et des notions sexuelles qui peuvent faire effraction dans leur psychisme et les traumatiser s’ils ne sont pas prêts. »
Un programme en contradiction avec des normes supérieures ?
Le recours des JPE contre ce programme s’appuie notamment sur des textes juridiques internationaux. « Le respect de la primauté éducative des parents et de l’autorité parentale est inscrit dans des conventions internationales ratifiées par la France. Ces textes s’imposent à l’État et priment sur une simple circulaire ministérielle. Nous allons nous appuyer sur ces instruments juridiques pour contester certaines dispositions”, déclare Me Sarton.
Selon elle, les parents ont un rôle à jouer très important car « Ce sont les premiers adultes qui prennent la parole sur ces sujets qui marquent les enfants. Il est essentiel que les parents puissent être les premiers interlocuteurs de leurs enfants sur ces questions. »
D’ici l’ entrée en vigueur de la cette réforme (prévue pour 2026), Olivia Sarton invite à établir un dialogue avec les établissements scolaires : « Il est crucial que les parents du Loiret expriment leurs attentes et attirent l’attention des enseignants sur la sensibilité particulière de leur enfant. Par exemple, un enfant en CM1 peut être très éloigné de la puberté et ne pas être prêt à recevoir certaines informations. »
Cependant, les séances d’éducation à la sexualité restent obligatoires. « Les parents ne peuvent pas dispenser leurs enfants de ces cours, sauf cas très exceptionnels, comme pour un enfant ayant subi des abus sexuels et risquant de revivre un stress post-traumatique. Mais ces demandes restent rares. »
Un recours encore ouvert
L’implication des parents apparaît donc essentielle. « Les parents doivent se préparer à aborder ces sujets avec leurs enfants en amont des cours dispensés à l’école. Ils peuvent s’appuyer sur des ressources adaptées, notamment sur les sites des associations familiales, afin de transmettre leurs propres valeurs à leurs enfants. »
L’Association Juristes pour l’Enfance a lancé un recours contre certaines dispositions du programme et invite les parents à y prendre part.” Les parents du Loiret qui souhaitent se joindre à cette action peuvent encore s’inscrire jusqu’à demain soir (mercredi 12 février 2025, ndlr) via notre site internet. »