Communiqué de presse du lundi 8 mai 2023
Juristes pour l’enfance et les autres associations de protection de l’enfance qui contestent l’exposition du tableau Fuck Abstraction ! ont agi, comme nous le faisons toujours, en saisissant la justice, en écrivant aux responsables et en informant l’opinion.
Nous demandons plus d’ambition en matière de protection de l’enfance contre la pédocriminalité. Si la liberté de la création artistique est importante, elle n’est pas sans limite : la diffusion de contenus pédopornographiques met les enfants en danger, et c’est pourquoi 16 associations de défense des victimes de pédocriminalité ont alerté sur ce tableau (courrier ICI).
Une prochaine exposition comportera-t-elle des photos de viols d’enfant, au motif qu’elles s’inscrivent dans une démarche artistique pour dénoncer les horreurs de la guerre ? Cette simple question révèle bien qu’il est nécessaire et légitime de poser des limites à l’exposition publique de la création, même artistique.
Nous rappelons que le droit définit la pédopornographie comme « tout matériel représentant de manière visuelle une personne qui paraît être un enfant se livrant à un comportement sexuellement explicite, réel ou simulé » (Directive 2011/92/UE du 13 décembre 2011 relative à la lutte contre les abus sexuels et l’exploitation sexuelle des enfants, ainsi que la pédopornographie).
La défense des enfants est un sujet trop grave pour s’arrêter à une décision de référé, fut-elle du Conseil d’État : il y a encore quelques années, des juges fondaient leurs décisions sur un prétendu consentement d’une fillette de 11 ou 13 ans à une relation sexuelle avec un adulte. Heureusement que les défenseurs de l’enfance ne se sont pas résignés et ont persévéré jusqu’à la loi de 2021 qui met fin à cette jurisprudence inique.
Tout ce que nous demandons ici, c’est l’application de la loi : le code pénal sanctionne la diffusion de contenus pédopornographiques, en soi et pas seulement en fonction du contexte ou de l’intention. Nous avons déposé une plainte pénale et allons nous adresser à la Cour de justice de l’Union européenne à propos du non respect de la directive concernée.
L’exposition arrive à sa fin le 14 mai, mais nous souhaitons préserver l’enfance, pour l’avenir, de toute complicité même involontaire avec la pédocriminalité.