Et le droit dans tout ça ? Une chronique présentée chaque semaine par Juristes pour l’enfance sur Radio Espérance
Présentée par Aude Mirkovic et Olivia Sarton, le vendredi à 7h50, 12h40 et 19h05 ainsi que le samedi à 8h20 (durée 3 minutes)
Emission du 23 décembre 2022 à écouter ICI
Chers amis auditeurs bonjour
A la veille de Noël, et je relève le défi de proposer un billet juridique en lien avec l’esprit de Noël, pour parler aujourd’hui de la justice.
En effet, le droit traverse une crise profonde et se résume souvent à une espèce de guerre ouverte où on n’échange même plus vraiment des arguments mais surtout des invectives.
Regardez les débats à l’Assemblée nationale : on y entend trop souvent des insultes visant les personnes, pour disqualifier leur propos au lieu de le discuter et de le réfuter.
Chez Juristes pour l’enfance, nous agissons pour protéger les enfants dans des domaines précis : la PMA, la pornographie etc.
Mais nous travaillons aussi à réparer le droit, à le restaurer.
Pourquoi le droit est-il malade ?
Parce qu’il a perdu sa transcendance pour devenir un pur produit de la volonté humaine.
Je m’explique : par définition le droit, et concrètement les lois, les décisions de justice, ont un but : ce but est de chercher la solution juste pour une situation identifiée.
Par exemple, la technologie permet de fabriquer des enfants en laboratoire avec des gamètes de donneurs. C’est possible, mais est-il juste de concevoir ainsi des enfants avec les conséquences pour eux de ce mode de conception ?
Ce n’est parfois pas simple d’identifier la solution juste, mais je voudrais identifier avec vous la démarche est de rechercher ce qui est juste, et non pas de le décider.
Il y a toujours une décision, mais cette décision essaie de se conformer à une justice qui existe en soi, au-dessus des Parlements et des puissants.
Justement, et c’est là le problème, cette dimension transcendante du droit est aujourd’hui oubliée, abandonnée : notre société vit dans un système juridique qu’on appelle positiviste, qui réduit le droit au droit en vigueur, le droit positif. Concrètement, les lois sont le droit parce qu’elles sont les règles adoptées par la société, et peu importe qu’elles se conforment ou non à une justice transcendante que ce système positivisme rejette explicitement.
La crise du droit remonte à loin, comme en témoigne la définition de la loi donnée par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « la loi est l’expression de la volonté générale ». Comme si la volonté générale pouvait décider n’importe quoi et que ce soit le droit.
Au contraire, la volonté générale ne doit-elle pas elle-même se conformer à ce qui est juste ?
Bien sûr que si, et nous le savons au fond de nous : une loi injuste n’est pas une loi, elle ne mérite pas ce nom de loi.
La restauration du lien social est intimement liée à cette restauration du droit : c’est pourquoi en 2023, juristes pour l’enfance organisera un colloque pour chercher comment reconnecter le droit à ce qui est sa raison d’être, la justice, une justice transcendante et donc supérieure à la volonté humaine, fut-elle générale.
Refonder le droit et les relations sociales sur la justice : c’est l’affaire de tous, car les relations sociales commencent autour de chacun et, déjà, en famille. Chacun peut donc y contribuer.
Joyeux Noël à tous !