Et le droit dans tout ça ?
Chronique du 18 juin 2021 : L’inquiétante suppression de la liberté d’instruire un enfant en famille
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Le volumineux projet de loi confortant le respect des principes de la République va être examiné en 2nde et dernière lecture par les députés en hémicycle dans 10 jours. Il contient des dispositions qui vont permettre d’interdire effectivement l’instruction en famille (ou école à la maison) : les députés ont, comme pour le projet de loi de bioéthique, balayé d’un revers de main les améliorations introduites par les sénateurs. Avec ce projet de loi et contrairement à ce qui est affirmé par le Gouvernement, l’école à la maison ne sera pas mieux encadrée ; elle deviendra un choix interdit à environ 2/3e des enfants qui en bénéficient aujourd’hui.
Cette suppression effective de la liberté d’instruire un enfant en famille est inquiétante pour tous et chacun devrait se sentir concerné, quand bien même il n’aurait pas d’enfant dans cette situation.
Il faut tout d’abord s’inquiéter de la méthode employée : on s’en souvient, c’est le Président de la République qui, en octobre 2020, a annoncé, sans aucune concertation, qu’il avait décidé de supprimer l’école à la maison au prétexte de lutter contre l’islamisme.
Dès la teneur du projet de loi connu, les familles se sont mobilisées. Elles ont notamment montré par des études très bien documentées, que les motivations de ce mode d’instruction étaient l’adaptation aux besoins spécifiques d’un enfant, le choix de pédagogies alternatives ou d’une philosophie de vie…
Elles ont également montré que pour l’immense majorité des enfants concernés, d’une part leur niveau d’instruction était tout à fait satisfaisant et d’autre part le respect de la République, les valeurs de fraternité, d’égalité, de dignité de la personne humaine leur étaient effectivement transmis et enseignés.
Ces études n’ont pas été prises en compte et le Gouvernement et sa majorité s’obstinent à brandir une prétendue menace que ferait peser l’instruction en famille sur la République et sur l’éducation des enfants. Ces enfants se sont d’ailleurs vus refuser le droit d’être entendus, contrairement aux dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant ratifiée par la France. Quant aux avis défavorables de la Défenseure des droits et de la Ligue des droits de l’homme, ils ont été ignorés.
Ce qui amène à se poser la question du fond : pourquoi vouloir supprimer l’instruction en famille ? A quelles libertés de pensée, de conscience, d’opinion, d’expression et de religion entend-t-on ainsi s’attaquer ? De quel espace disposeront maintenant ceux qui voudront éduquer leurs enfants dans le respect de leurs opinions et convictions philosophiques ou religieuses ?
Par ailleurs, il ne faut pas se le cacher. C’est souvent le désastre expérimenté au sein de l’institution scolaire qui pousse des familles à se tourner vers l’école à la maison. Quelle solution auront désormais les familles dont les enfants différents sont mal pris en compte à l’école, ou dont les enfants sont harcelés, victimes de violences, malheureux, terrorisés à l’idée de devoir retourner à l’école ?
La diversité éducative offerte par l’école à la maison est une chance pour notre pays. La supprimer est une grave erreur. Quant à la suppression d’une liberté de choix existant depuis plus d’un siècle, ne serait-ce pas le témoignage d’une démocratie vacillante, qui se rigidifie alors même qu’elle se montre incapable de transmettre auprès des plus jeunes les valeurs dont elle se targue ?
Mesdames et Messieurs les députés, faites confiance aux familles, ne modifiez pas le régime actuel équilibré qui protège l’intérêt supérieur de l’enfant !