Le 8 février, les députés européens ont débattu de la traite des êtres humains. Cette forme d’esclavage, accentuée par la crise du Covid-19, les nouvelles technologies et les flux migratoires, est en forte augmentation. Le Parlement européen souhaite des mesures plus dures contre ce crime dont un quart des victimes sont des enfants.
Article original sur vie-publique.fr le 17 février 2021
Dans un rapport adopté le 9 février 2021, le Parlement européen évalue l’application de la directive de 2011 relative à la prévention de la traite des êtres humains(nouvelle fenêtre). Il constate que des obstacles à sa pleine mise en œuvre subsistent toujours, près de dix ans après son adoption et de sa transposition en droit national.
Les députés européens invitent la Commission européenne à réviser la directive(nouvelle fenêtre) pour :
- améliorer les mesures de prévention, de lutte et de poursuite de l’ensemble de formes de traite ;
- combattre l’utilisation des nouvelles technologies, particulièrement les médias sociaux qui sont très utilisés par les trafiquants.
Des victimes mal détectées
Le rapport souligne quatre évolutions :
- le nombre de victimes recensées continue de croître. 14 145 victimes de la traite des êtres humains (nouvelle fenêtre) ont été enregistrées mais le chiffre réel est certainement plus élevé que les données déclarées ;
- les taux de poursuites et de condamnation d’auteurs demeurent très faibles. Diverses raisons l’expliquent, particulièrement le nombre modeste des déclarations volontaires (ceci lié à la méfiance des victimes vis-à-vis des forces de l’ordre, au traumatisme vécu ou à la peur qu’elles éprouvent à l’égard des trafiquants) ;
- selon l’Office européen de police (Europol), le trafic de migrants et la traite des êtres humains sont souvent perpétrés par les mêmes organisations criminelles. Les enquêtes montrent que les trafiquants ciblent de plus en plus les migrants et les demandeurs d’asile dans l’Union à des fins d’exploitation. Si la majorité des victimes sont des ressortissants européens, les organisations criminelles exploitent également les routes migratoires à leur profit ;
- les nouvelles technologies facilitent l’anonymat des trafiquants et rendent leur détection par les services répressifs difficile.
Des formes de traite multiples et très lucratives
Les formes de traite sont nombreuses :
- l’exploitation sexuelle demeure la forme la plus présente et la plus signalée dans l’Union européenne depuis 2008. Elle concerne 60% des victimes. 92% des victimes sont des femmes et des filles (plus de 70% des auteurs de ce crime étant des hommes). S’appuyant sur ces chiffres, le Parlement européen souligne avec force combien la traite à des fins d’exploitation sexuelle s’ancre dans les inégalités entre les hommes et les femmes ;
- la traite à des fins d’exploitation par le travail concerne différentes activités légales et illégales dans les secteurs agricole, des soins, de l’entretien, dans l’industrie agroalimentaire et aussi la domesticité et les activités manufacturières ;
- enfin d’autres formes d’exploitation concernent 18% des victimes et des activités telles que la mendicité, la criminalité, l’adoption illégale, le prélèvement d’organes, la vente des bébés, l’exploitation financière par la fraude et la traite des êtres humains par le biais de la gestation pour autrui.