Article original sur GENETHIQUE
« Tout ce que vit une future maman pendant sa grossesse et pendant les neuf mois qui suivent l’accouchement, le bébé le ressent ». Aude Vandenberghe, sage-femme depuis trente-trois ans et formée sur les empreintes émotionnelles, anime un atelier pour les futures mamans. Ce sont « des émotions de joie mais aussi de tristesse, de peur, d’insécurité, de rancœur. Le bébé s’imprègne de ces émotions, les mémorise et se les attribue », explique-t-elle.
Elle témoigne que sa fille, Anna, vers l’âge de trois ans, a eu des angoisses, persuadée que sa mère allait mourir. En consultant une psychologue, Aude Vandenberghe a réalisé que sa fille avait ressenti la perte de son grand-père alors qu’elle était encore dans son ventre. Après lui avoir expliqué cela, et que le sentiment d’abandon ressenti par sa mère lui appartenait à elle seule, Anna n’a plus eu d’angoisses. « Le problème, c’est que ces empreintes, tant qu’elles sont inconscientes ou incomprises, tirent les ficelles de notre vie. Elles nous conditionnent et nous manipulent à notre insu », poursuit Aude Vandenberghe. « Les grossesses accidentelles ou non désirées peuvent laisser des empreintes émotionnelles fortes. Cela fait des adultes qui ne se sentent pas le droit d’exister, qui se tiennent toujours en retrait, qui ont tendance à culpabiliser. » Heureusement, « rien n’est irréversible », assure-t-elle. A une maman qui ne désirait pas son bébé, elle conseille de lui dire : « Ce n’est pas de toi dont je ne voulais pas, c’est de la situation (parce que j’avais déjà deux enfants, parce que j’étais encore étudiante, etc.) ».
Puis elle évoque le syndrome de « du jumeau perdu ». « Une grossesse sur 8 démarre avec des jumeaux mais beaucoup moins qu’une sur 8 arrive à terme », « le bébé qui reste dans le ventre croit que c’est sa faute si l’autre est parti. S’installent alors des croyances qu’il faut détricoter au risque de faire des adultes qui ont peur de dormir seuls, de manquer…», explique-t-elle. C’est ainsi que le fils de ses amis « avait un jumeau qui est parti au bout de cinq jours ». Une fois adulte, « il n’arrivait pas à construire une relation amoureuse », raconte-t-elle, « il avait tellement souffert d’être quitté par son jumeau qu’il préférait partir le premier plutôt que de revivre ça. » Aux enfants qui sont concernés, elle conseille ainsi de dire, « pendant sept mois, il y a eu quelqu’un à côté de toi et puis il n’a plus été vivant. Ce petit bébé (…)g il était simplement venu t’aider à t’installer dans mon ventre. Il t’a aidé et puis il est parti.” » Selon elle, « trois jours suffisent pour créer l’empreinte des jumeaux perdus ». « Il n’est pas forcément utile de le dire à votre bébé mais si plus tard, dans la vie, vous détectez quelque chose (la peur de dormir seul, par exemple), il ne faudra pas hésiter à lui en parler. »
Sources:
Magicmaman, Dominique Henry (10/09/2019) – Empreinte émotionnelle : tout ce que vous vivez, l’enfant le ressent