FIGAROVOX/TRIBUNE – Ludovine de La Rochère et Albéric Dumont protestent fortement contre l’amendement, qui prévoit que les formulaires scolaires devront porter les mentions «parent 1» et «parent 2» et non plus «père» et «mère». Ils y voient une mesure idéologique.
Ludovine de La Rochère est présidente de La Manif Pour Tous.
Albéric Dumont est vice-président de La Manif Pour Tous.
«Ce qui est certain, c’est que nous ne ferons pas comme aux Pays-Bas, nous ne retiendrons pas les termes de parent 1 ou parent 2» proclamait Christiane Taubira en janvier 2013. Elle répondait en ces termes à La Manif Pour Tous qui avait fait savoir que, entre autres conséquences, le projet de loi Taubira conduirait à rendre neutres de nombreux termes, comme «mari», «femme» et «épouse» (remplacés depuis par les neutres «conjoint» ou «époux» dans les livrets de famille) ou comme ceux de «père» et «mère» susceptibles de devenir «parent 1» et «parent 2».
Nombre de politiques, suivant la ministre de la Justice, crièrent eux aussi à la désinformation: «Qu’on cesse de dire que père et mère seront remplacés par parent 1 et 2, c’est totalement faux!» tweetait alors Jean-Luc Romero, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), militant et élu. Ce tweet semble avoir été supprimé par son auteur lorsqu’a éclaté la polémique sur l’amendement «parent 1 – parent 2».
En réalité, un enfant n’a pas deux pères ou deux mères.
Et certains médias, de renchérir: «cette formule de «parent 1 parent 2» ou «parent A parent B» qui viendrait remplacer les termes «père et mère» dans la loi est souvent réutilisée par les opposants au mariage homosexuel pour la force de l’image qu’elle véhicule. Elle n’a pourtant aucune réalité concrète» écrivait ainsi un journaliste du site du quotidien Le Monde.
La réalité, c’est que, en 2013, face au buzz provoqué par cette information, dont La Manif Pour Tous avait eu connaissance, le gouvernement de l’époque avait aussitôt reculé et fait retirer «parent 1» et «parent 2» du projet de loi.
Hélas, cela devait revenir sur la table puisque le fondement de la loi Taubira, comme de ses conséquences – la PMA sans père et la GPA – est bien l’idéologie du genre, celle qui, nous affirme-t-on par ailleurs, «n’existe pas»…
La loi Taubira, en effet, considère qu’il est indifférent, pour se marier et fonder une famille, que le couple soit composé d’un homme et d’une femme, ou deux personnes du même sexe. Cette conviction a pour corollaire qu’être un homme ou une femme serait sans conséquence ; et donc que père et mère seraient interchangeables. D’où l’idée que priver sciemment un enfant de père ou de mère n’aurait aucune importance (c’est l’argument: «tout ce qui compte, c’est l’amour»). Et cela conduit à supprimer les termes «genrés» puisque ces derniers renvoient à la différence homme-femme et père-mère.
Il en est de même pour les représentations visuelles d’ailleurs. Avec un peu d’attention, on se rend compte que les logos et autres visuels représentant des couples ou des familles ont été «dégenrés» depuis 2013: les personnages sont de plus en plus souvent neutres: une évolution qui est, disons-le, est un appauvrissement.
Il s’agit d’un amendement purement idéologique.
En réalité, un enfant n’a pas deux pères ou deux mères. Et l’immense majorité des enfants, même dans les familles recomposées, monoparentales et homoparentales connaissent leur père et leur mère. En général, ce sont bien eux – père et mère – qui sont en charge de leurs enfants, et non l’un des parents et son éventuel nouveau conjoint, qu’il soit de sexe différent ou de même sexe.
Il s’agit donc, en réalité, d’un amendement purement idéologique, qui n’est pas sans rapport avc la légalisation de la PMA sans père – dans laquelle, en effet, le père serait effacé.
Dès que l’on déconnecte la filiation de la réalité humaine – à savoir que tout enfant naît d’un homme et d’une femme, a un père et une mère – afin de réaliser un «projet parental» qui réduit le père à une paillette de sperme pour le faire disparaître, pourquoi s’arrêter en chemin?
Après les «parent 1» et «parent 2», nous aurons évidemment un nouvel amendement – demain ou après-demain – pour inscrire le «parent 3» et le «parent 4». Comment est-ce possible? C’est tout simple: dans le cadre de contrats de co-parentalité dans lesquels des couples homme-homme et femme-femme ont des enfants «ensemble», ou des couples de même sexe avec une personne de sexe différent. C’est illégal aujourd’hui, mais c’est l’une des revendications de l’inter-LGBT et si nous laissons passer la PMA sans père, c’est-à-dire la disparition de la filiation et le détournement de la médecine, les étapes suivantes seraient la GPA et la multi-parentalité.
Le déni de la réalité père-mère a de multiples conséquences, dont celle de mener à l’absurde.
Heureusement, un certain bon sens reste présent, et se manifeste dans l’ampleur des réactions suscitées par ledit amendement.
Et de fait, la vox populi a raison: a-t-on déjà vu un «parent 1» ou un «parent 2»? Un enfant a-t-il un «parent 1» ou un «parent 2»? Non, évidemment!
Ces termes n’ont en réalité aucun sens, aucune réalité: ils ne correspondent à rien.
C’est un fait: le déni de la réalité père-mère a de multiples conséquences, dont celle de mener à l’absurde.
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2019/02/14/31003-20190214ARTFIG00262-parent-1-parent-2-le-deni-de-la-realite-pere-mere-conduit-a-l-absurde.php