Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a examiné ce matin les demandes de suspension de la décision du Ministre de la Culture et de la Communication ayant accordé un visa du film « Sausage party » en tant qu’elle n’a pas assorti le visa d’une interdiction aux moins de 16 ans.
Le film a en effet fait l’objet d’une classification aux moins de 12 ans en raison des propos obscènes, crus, et du caractère sexuel de nombreuses scènes. En dépit de ces éléments, il est néanmoins autorisé pour les mineurs de 12 ans et plus.
L’association Juristes pour l’Enfance, qui a saisi le Président de ce tribunal d’une requête en référé, considère qu’il y a urgence à suspendre la représentation du film aux mineurs de 12 ans et plus, alors que les témoignages d’enfants et de parents, non avertis par le contenu du dessin animé, révèlent combien ils ont été choqués voire traumatisés pour les plus jeunes.
Les impératifs de protection de l’enfance nécessitent ainsi que la classification de ce film soit portée aux moins de 16 ans.
L’argument selon lequel les images sont celles d’un dessin animé permettant une nécessaire distanciation pour l’enfant est erroné, comme le démontrent les études menées sur le sujet et les propos de professionnels qualifiés en la matière, qui ont été versés aux débats. Le fait qu’il s’agisse de produits de supermarché, non plus : l’anthropomorphisme recherché des protagonistes, l’attribution d’éléments propres à l’homme (parole, intelligence, sentiments), ont pour objet d’« humaniser » les personnages afin que leur vécu soit transposable dans celui du spectateur. C’est d’ailleurs le but de tout film d’animation mettant en scène animaux, végétaux ou objets…
Les scènes de sexe (sous un jour cru et violent) sont inadaptées à un public de 12 ans, alors même qu’un enfant de cet âge est en pleine construction de son identité sexuelle, qu’il ne vit pas encore sa sexualité à cet âge et que de telles activités pourraient même donner lieu à des poursuites pénales (pour un majeur ayant des relations sexuelles même consenties avec un mineur en-dessous de 15 ans, pour un mineur ayant des relations sexuelles même consenties avec un autre mineur lorsqu’il a autorité sur lui, pour un mineur ayant un différence d’âge importante avec un autre mineur, etc…).
Enfin, le film présente sous un jour humoristique et léger des scènes de délit (drogue) et de crime (viol). Alors que la loi prévoit l’interdiction à tout ouvrage de présenter sous un jour favorable un délit ou un crime (loi sur les publications destinées à la jeunesse), le cinéma ne saurait faire le contraire.
La décision sera rendue demain midi.