L’affaire Gammy, du prénom de l’enfant de 7 mois, atteint de trisomie, abandonné par ses parents d’intention australiens et laissé à sa mère porteuse thaïlandaise, lève le voile sur le vrai visage de la GPA et valide concrètement ce que l’association Juristes pour l’Enfance a mis en évidence lors de ses investigations sur les agences étrangères proposant des contrats de GPA à des couples français :
– Avec la GPA, l’enfant n’est plus un sujet de droit mais uniquement un objet de désir: s’il ne correspond pas aux attentes des « clients », il peut être tout simplement abandonné, « retourné à l’envoyeur » comme s’il s’agissait d’un produit endommagé ! Ce cas tragique n’est pas un cas isolé : d’autres abandons d’enfants issus d’une GPA et atteints de maladie ont déjà eu lieu en Angleterre ou aux Etats-Unis. De même, lors des réunions d’information organisées par l’agence américaine Extraordinary Conception, auxquelles l’association Juristes pour l’enfance a assisté, plusieurs clients potentiels ont interrogé les responsables sur une éventuelle reprise ou un éventuel dédommagement dans le cas où une maladie grave serait découverte chez l’enfant.
– L’affaire Gammy n’est donc pas la première et ne sera malheureusement pas la dernière tant que les Etats ne prendront pas des mesures fortes et efficaces contre l’industrie de la gestation. Le tourisme procréatif prospère autant sur la misère des femmes pauvres que sur le laxisme des pays riches, en particulier ceux qui, comme la France, interdisent la GPA dans leur droit mais favorisent dans les faits son développement, en laissant les agences étrangères proposer leurs services de location de femmes et de vente d’enfants en toute impunité.
Le drame individuel de Gammy doit déboucher sur une prise de conscience collective : ne rien faire contre la GPA en France revient à ne rien faire pour des enfants comme Gammy qui, en Thaïlande, en Inde ou aux Etats-Unis sont victimes d’un procédé niant leurs droits et leur dignité.
La France doit se doter des moyens de dissuader les clients potentiels de recourir à la GPA, en adoptant des sanctions pénales dissuasives de nature à décourager, a priori, le recours à ces pratiques d’un autre âge, celui de l’esclavage et de la vente des enfants.